<p>On analyse les émissions type “Face aux français” pour en tirer une lecon sur le concept de démocratie. Les invités de ces émissions se retrouvent devant des gens de pouvoir comme des panellistes répondent à un sondage : la formulation des problèmes est déjà décidée, et ces invités témoignent plus qu’ils ne débattent. Atomisés, sans affiliation à des groupes institués ou organisations politiques, ils apparaissent fragilisés face au pouvoir. Ces émissions nous montrent que notre méfiance à l’égard de la représentation et ses opérations de délégation peut nous faire croire qu’il suffit que les individus expriment spontanément leur opinion, en toute indépendance, sans délibération collective, pour en avoir fini avec tout processus de captation de la parole. Cette dernière risque au contraire de subir plus fortement influences, cadrages, effets de pouvoir, et effets d’imposition de problématique. Notre concept de démocratie directe ne doit donc pas prendre pour modèle le sondage d’opinion, qui concoit le peuple comme une multitude d’individus séparés les uns des autres dont il faut récolter et à agréger les opinions.</p>